Biographie
Un style unique
Une musique toute en nuances traduite par des évolutions parfois imprévisibles qui restent cependant toutes en douceur. Jouant sur les volumes sonores, les notes et phrasés s’enchaînent sur une route tracée libre de sa direction. L’ambiance des morceaux vous emmène vers un voyage propice à une réelle relaxation. Prêtez l’attention nécessaire comme celle que l’on donne à la musique classique ou au jazz et vous serez embarqués sur un trajet qui ne vous laissera pas indifférent. En multipliant les écoutes, on s’aperçoit que notre perception est différente, évolue. Comme si notre esprit tirait le meilleur de ce qu’il perçoit.
Un côté répétitif mélangé à une liberté disgressive, la relative simplicité des morceaux apporte les bases permettant une immersion progressive.
Découvertes musicales et inspirations
Je me souviens que j’ai commencé vraiment à tendre l’oreille lors d’une colonie à l’Ile d’Yeu ; j’avais 10 ans. Un mono écoutait Genesis – Seconds Out (1977). J’étais littéralement fasciné par cet album : la longueur des morceaux, les variations de volume, l’alternance des rythmes, la richesse musicale.. Il m’a fallu attendre 5 ans avant que je puisse me l’acheter. Ce Genesis là était géant. Après, le départ de Peter Gabriel, puis de Steve Hackett, j’ai laissé tombé le nouveau Genesis car ça n’avait plus rien à voir ; trop pop et aseptisé pour moi !.
Dans le style des trucs qu’on découvre et qu’on met des années à en trouver l’origine, il y a eu Peter Frampton et son « Do You Feel Like We Do » dans Frampton come Alive (1975). L’art de faire chanter sa guitare ! Un des premiers albums que je me suis acheté à 14 ans.
Bien sûr, comme tout le monde, j’ai découvert les Beattles que j’ai vite délaissés pour Scorpions (Tokyo Tapes – 1978), Trust et Téléphone. Les Beattles c’est pas mon truc ; trop peu de musique, beaucoup de blabla et des morceaux un peu mous pour moi… Et puis j’ai découvert Jean-Michel Jarre et ses sons électroniques ; nouvelle claque musicale : ambiances sonores atypiques, fabrication instrumentales, champ des possibilités immensément élargi…
Encore une découverte, nouveau choc : en surfant sur mon minuscule transistor sur la bande FM, j’ai entendu un album qui tournait en boucle ; le même tout le temps, sans absolument rien d’autre, ni présentateur, juste quelques minutes sans rien et ça revenait . Il m’a fallu attendre un paquet d’années, que je sois au lycée, pour retrouver ce que c’était : Saga – In Transit (1982). Un album fantastique, un punch incroyable et des enchaînements presque parfaits. Le rock progressif était vraiment un truc qui m’allait parfaitement ! Ange, Pink Floyd, Genesis, Marillion… du pure bonheur ! La caractéristique principal de ce type de musique ? la puissance mélodique des histoires racontées, une certaine capacité à imager la palette des sentiments humains et de nos vies : nostalgie, tristesse, espoir, force, joie, délires, combat, amour etc. Le tout sur un même album, voire un même morceau !
Je suis en même temps devenu fan de Heavy Metal (Judas Priest notamment, ses duos de guitares et surtout la Voix de Rob Halford !) ; j’ai écouté tout ce que je pouvais dans le style ! C’était ce qui résonnait le mieux avec mes états d’âme de l’époque. La musique était un « calmant canalisateur » et le sport un défouloir ! J’étais « preneur » et à l’écoute de tout ce qui pouvait me faire vibrer. New Wave, pop, rock, jazz, chanson française, opéra-rock, reggae, classique, zen… un panel de style pour moi tout à fait complémentaire répondant souvent, sans doute (?) à notre propre besoin du moment. Comme on dit, « la musique adoucit les moeurs ».
C’est à 14 ans que j’ai pris ma seule année de cours de guitare ; guitare classique alors que je voulais du Folk ! Avec une guitare de droitier parce qu’on n’a pas trouvé de guitare pour gaucher… bref, j’ai passé mon temps à draguer plutôt que d’apprendre et je jouais seul dans ma chambre… Très vite, j’ai pris intérêt pour la qualité de l’instrument. Tant au point de vue technique que sonore. J’ai débuté sur une guitare au son de casserole puis je me suis trouvé une seconde casserole, électrique, puis une autre… et enfin, mon premier vrai job m’a permis d’investir dans l’Ampli que j’ai toujours et qui n’a pas pris une ride, un Mesa Boogie Mark IV… Des années plus tard, j’ai échangé ma casserole pour une poêle, une Godin LGXT ; découvert les possibilités infinies de la MAO…
Résumer ce qui m’inspire le plus est quasi impossible à mon sens. C’est une multitude de choses, de musiques, de vécus, de situations… la Vie, tout du moins la mienne !
Philosophie et pure expression
Vivant « pleinement » l’instant. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est ce que l’on peut exprimer sur le moment. Le processus est un dépassement de notre simple pensée ; c’est une expression résultant de notre état global : envies, ressentis, santé, auxquels s’ajoutent les effets de notre environnement immédiat (le temps qu’il fait, les événements de notre journée, nos plaisirs, nos soucis, les personnes proches et celles rencontrées, etc.).
Imaginer un thème, c’est s’y immerger , plonger en nous pour une fusion avec ce sujet et laisser ressortir le tout par le bout des doigts.
C’est à chaque fois une découverte et un cheminement vers l’inconnu. Un « art brut ». Je n’ai pas voulu aseptiser les morceaux en les retouchant, les travaillant et les mixant. Je veux en garder tout le relief. Un peu comme quand on passe sur le format mp3, il manque quelque chose. C’est avec l’encouragement de quelques proches et un challenge personnel que j’ai décidé de faire partager ces quelques morceaux.
Je vous invite très volontiers à me faire part de votre ressenti.
Merci.
« Etre artiste c’est dévoiler un peu de son âme »
Art abstrait
On disait autrefois que l’art brut était l’art des fous ou bien qu’il était l’expression de personnes exemptes de culture artistique…
Les années passent et nul doute que cette folie s’est étendue ! A moins que l’on ne saisisse mieux ce qui peut nourrir chacun d’entre nous, que nous poussions notre introspection suffisamment loin pour que s’échappe de notre être encore contraint par notre société, quelques traits d’expressions, un début de liberté…
L’intérêt de la peinture abstraite est qu’elle laisse la place à l’imagination de chacun et, c’est cette vision qui fait que cela résonne avec plus ou moins d’intérêt et de ressenti chez le contemplateur.
J’entends par art brut, un mouvement puissant qui garde sa première trace d’expression et donc, celle qui est au plus près de la personnalité qui s’exprime.
Souhaitant garder cette liberté de lecture, je ne donnerai pas de certitude sur ce que mes tableaux peuvent représenter, juste des pistes sur ma perception des choses à l’instant T de leur réalisation, et ce qui me compose profondément.
Mon travail tente de retranscrire les aspects de nos propres contradictions, nos visions différentes et imprécises de voir le monde qui nous entoure et celui que nous créons ainsi que nos propres mécanismes de fonctionnement.
Mes dimensions de prédilections sont les grands formats (au-delà de 1 m de largeur) ; certes ils nécessitent de l’espace pour qu’ils « respirent » et permettent de dégager plus d’impact émotionnel. La lumière se modifiant, viendra apporter un souffle de vie au tableau en révélant un paysage sensiblement différent et non figé.
Villes, îles et gris
Pourquoi le gris
Attirance personnelle pour toutes ces teintes. Peut-être due au fait que j’ai grandi dans une barre d’immeubles gris, assortie au climat de ma région.
D’où mon goût pour l’architecture également ? Peut-être est-ce le fait que le gris que l’on trouve dans la nature est aussi la couleur du ciel quand il devient menaçant ; ce qui entraîne un sursaut de vie, de lutte qui passe à mon état de conscience et qui devient alors pour moi, un émerveillement ; notre propre fonctionnement, nos mécanismes câblés sont des éternels étonnements.
Le gris est obtenu par un mélange du blanc et du noir, deux couleurs opposées.
On cite souvent l’expression « ce n’est ni blanc ni noir ». C’est effectivement ça. Les villes sont un concentré de complexités qui engendrent ce mélange de contradictions, d’opinions. C’est aussi la neutralité.
L’homme créé sa propre complexité en façonnant son univers, cette ville par exemple.
Il s’invente sa propre couleur qui variera ; cette couleur qu’un individu aura créée pourra être perçue comme telle par les uns ou d’une teinte différente par les autres. Ce processus de création rejoint alors la menace de ce ciel gris quand cet univers se construit. Le but de cette construction est pourtant, pour se protéger, un de nos mécanismes de survie : l’être humain se regroupe ; à plusieurs, on est plus fort !
Et en même temps qu’il se rassemble et se protège, il crée involontairement des tensions internes, qui deviennent à leur tour des menaces au sein de ce groupe.
Le gris représente donc toute cette menace opposée à cette protection.
Je serais tenté d’étendre cette teinte au ressenti « bien/mal » qui en découle. Plus il sera clair, plus ça va bien !
La grisaille, foncée, dans laquelle flottent ces îles est un courant d’inconnu, infini.
Le blanc, représente la nouveauté, le meilleur avant qu’il ne se transforme et devienne désuet peut-être.
Villes
Les barres hautes peuvent être vues comme des antennes, des tours, des phares…
Des antennes dans le but de montrer une ouverture vers l’extérieur, la recherche de l’autre.
Des tours pour la surveillance de cette ville, de la direction prise par l’île, des pilotes, des chercheurs, dans laquelle, il y aurait ceux qui voient loin.
Des phares également pour guider et rassurer.
On y verrait aussi plusieurs contradictions :
- Est-ce le moyen de se démarquer des autres, tout en restant dans un milieu homogène ? Cette marque de différence n’est valable qu’un court instant, car elle devient très vite partie intégrante de son environnement et rejoint cette homogénéité de l’ensemble. Une caractérisation d’un mouvement, d’un souffle de vie nouveau qui s’éteint rapidement et laisse place à d’autres souffles.
- En construisant une tour – phare plus grand que l’autre ? Est-ce une marque de bienveillance ou de supériorité, la loi du plus fort ? C’est selon. Et pourquoi pas un peu des deux ?
Nous avons besoin de l’autre pour vivre, mais nous ne pouvons nous empêcher de nous évaluer auprès de ce dernier, et nous avons bien des cas où nous nous sentons « supérieur ». Cette supériorité peut-être simplement une vue personnelle ou peut prendre forme par un besoin de s’affirmer ; jusqu’à avoir la confirmation de l’autre ; ce retour pourra être admiratif ou craint.
Ce qui anime ce besoin est-il une dégénérescence de l’individu, un besoin de survie plus fort, un formatage conduisant à vouloir se prendre pour un dieu ? On pourrait rejoindre alors l’analogie à la Tour de Babel.
Cela conduit-il à l’isolement ou au regroupement ? Là également, un peu des deux ; le gardien du phare est seul dans sa tour et rassemble les égarés.
- Est-ce le moyen de se grandir ou ne va-t’on pas casser à force de tirer plus haut ? Une recherche de limite ou une force d’attraction interne personnelle nous poussant toujours à emmagasiner ?
- Est-ce le moyen de se protéger ou de s’isoler en restant inaccessible ?
- Est-ce du collectif ou de l’individuel ?
A priori, un acte individuel rejoindrait celui du collectif s’il est partagé. En réalité, par le fait qu’il soit visible de tous, il devient alors forcément collectif avec un impact plus ou moins grand, un partage plus ou moins juste, précis selon qu’il soit transmis.
Le phare qui recherche peut trouver, ouvre une voie. Ce qui en résulte peut être bénéfique ou non à son milieu. Comme sa survie en dépend, il aurait tout intérêt à être vigilant également. Comment peut-il être le vigile des autres et sur quel gardien pourrait-il s’appuyer ?
Le système se mord la queue, tourne en rond. Comme le cycle de la vie, comme notre planète, notre système solaire… Nous sommes interdépendants de ce tout.
Le mouvement
On verra à la fois de la mobilité induite par ces îlots flottants, dans un monde qui bouge. Tout est en mouvement et la science nous le montre chaque jour ; le pinceau, posé sur le pupitre, est composé d’atomes mouvants, composés eux-mêmes d’électrons mobiles, composés à leur tour d’autres particules agitées, etc.
On verra également une immobilité toute relative : une île avec une ville qui forment un seul bloc.
Le delta entre cette immobilité visible qu’est l’îlot et ces mouvements que sont l’univers autour, chaque particule de cet ensemble, montre que notre vision peut être faussée ; par exemple, la notion de mouvement à l’échelle de l’observation que l’on en fait.
Les îlots flottants qui semblent se désagréger peuvent représenter la notion que rien n’est immuable, ni éternel dans notre monde.
Imprécision
De notre vision, s’en découle la vérité telle qu’on la voit, qui n’est pas toujours unique. Elle peut être toujours plus affinée, comprise, et élargie selon notre angle de vue, selon l’appréciation des détails qui l’entourent et la composent.
Ces différenciations peuvent se retrouver dans les imprécisions des traits, voire les flous de certains tableaux.
A l’inverse des formes géométriques rigoureuses, qui laisseraient penser à une maîtrise parfaite de l’objet, du monde, l’imprécision nous dévoile ici ou là nos erreurs d’interprétations toutes personnelles, une vérité qui n’est jamais aussi connue telle qu’on la voit. Plus on creuse un sujet, mieux on le définit et on approche de cette vérité ; mais plus celle-ci est précise, plus on se questionne et on élargit le champ d’investigation ; et donc, plus on s’éloigne du sujet.
Si quelques lignes directrices peuvent apparaître ici ou là, (exemple des cascades), elles ne sont qu’une infime partie de compréhension du sujet.
L’art brut laisse ici apercevoir une vision première ; libre à chacun de continuer l’exploration et de cheminer vers sa vision du contemporain.
Ivan Totoche – Le 23 mai 2016